Universités Publiques du Bénin: La non professionnalisation des formations

Publié le par Gilles

   Deux (02) ! C’est le nombre d’instituts du secteur public consacrés exclusivement à l’enseignement technique dans notre pays. Ainsi, tout étudiant désirant étudier la mécanique, l’électricité, l’architecture, le génie industriel, la gestion des entreprises, la gestion commerciale ou encore la gestion des banques, devra se rendre à l’Institut Universitaire de Technologie de Lokossa ou à celui de Parakou. Et lorsqu’on sait les dizaines de milliers de jeunes étudiants ne préférant pas la formation des facultés classiques, on ne peut que conclure du flagrant désengagement de l’Etat. Dans ces conditions, la nature ayant horreur du vide, tente autant que faire se peut de vernisser ce désengagement étatique via les cours privés.
Ainsi, aussi bien au secondaire qu'au supérieur, les formations professionnelles privées constituent une filière florissante puisque rentable, tant et si bien qu’on assiste impuissants à une bipolarisation stricto sensu du tissu social : les enfants des riches pour des écoles de riches , les enfants des pauvres pour celles des pauvres – le demi million étant la moyenne à verser annuellement pour une licence professionnelle, et je ne vous parle pas des masters et des doctorats – avec ses risques de diplômes non validés par l’Etat.
Je ne surprends personne, de toute manière pas cette haute personnalité politique en disant que l’homme est la plus grande richesse qui soit pour un pays. Mais afin d’en bénéficier, tout pays doit mettre la formation de ses hommes au cœur de sa politique, sans quoi ce serait bien une richesse empoisonnée. Et là-dessus, c’est précisément de la professionnalisation des formations qu’il s’agit ; car c’est une chose que de former les jeunes, mais c’en est une autre que de les rendre utiles. Diversifier les filières professionnelles tout en renforçant leurs capacités permettrait à coup sûr d’épouser formation et utilité, ce qui ne fera qu’arracher les jeunes à l’oisiveté qui s’érige en leur premier employeur, avec ses corolaires de médiocrité dans un soit disant job de galère.
Une précision qui pouvait tout de même passer sous silence. La formation professionnelle n’exclut pas l’auto emploi. Elle lui prépare plutôt le lit. Je ne suis pas partisan ad vitam æternam d’une carrière d’employé – qu’il s’agisse dans le secteur privé ou public. Feu mon père répétait sans cesse : « Oui au service, Niet à la servitude ». Les camps, ateliers ou séminaires de formation à l’auto emploi qui pullulent nos écrans ces temps ci cachent mal la nécessité de former les jeunes à un savoir faire professionnel. N’est ce pas qu’il faut bien être par exemple un ingénieur agronome avant de se servir de ses connaissances en marketing, en droit, en fiscalité ou encore en techniques de plan d’affaire pour son entreprise ?
Au demeurant, il revient à nos dirigeants de choisir ou non, de rendre valides les bras des milliers d’étudiants ; trop de cadres en vestes italiennes, coincés  au fond de murs climatisés et occupés à téléphoner à longueur de journée, ce n’est peut être pas trop mal mais c’est beaucoup moins bon que des jeunes aux manches retroussées, casque sur la tète et défilant de chantiers en chantiers ou d’usines en usines à construire leur pays : c’est cela le Bénin en chantier...C'est  ce que je pense.     

Publié dans Education

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